10 novembre 2008

TUTORIEL 10 POINTS CLES POUR REUSSIR VOS PAYSAGES

J'ai trouvé sur le web l'excellent site de Bernard : Histoire de Voir.
L'approche est différente de tous les tutoriels que l'on rencontre sur le web. Ici pas de technique, mais du papier de verre pour nous apprendre à éguiser notre regard.
Je vous propose pour commencer un tuto sur les 10 points clés pour réussir ses photos de paysages.

On a tous été confronté à la beauté et à la magie d’un paysage pris en photo. Mais lors de la restitution sur papier ou sur écran plus rien de tout cela ne fonctionne. Comment retranscrire sans perte ?

Nous allons emprunter les photos à deux maîtres:
Sebastiao Salgado, Africa, Taschen, 2007
JeanLoup Sieff, 40 ans de photographie, Taschen, 2005


Ils n’ont ni l’un, ni l’autre bâti leur renommée sur leur capacité à capturer de magnifiques paysages. Et pourtant même si Salgado doit sa réputation aux reportages sociaux et Sieff (évoqué ici) aux portraits féminins dénudés (pour faire court), ils n’ont pas démérités en matière de paysages.



Le choix de photos en noir et blanc permet de mieux se concentrer sur la composition et sur ses éléments fondamentaux. La couleur, qui représente en soi un sujet plutôt long, fera par la suite l’objet d’un article spécifique.

Sebastiao Salgado, Africa, Lac de Nkumba, Virunga National Park, Rwanda, 2004, p. 141

Avec ce point de vue en hauteur, Salgado nous plonge littéralement dans l’image. Son premier plan nous invite à entrer grâce aux détails multiples qui le constituent. La forme en pointe de ce promontoire se poursuit avec les 2 îles sombres qui comme 2 galets obligent notre regard à poursuivre vers le fond. Les différentes zones d’ombre et de lumière nous donne cette impression de profondeur vertigineuse. La maison au toit blanc nous rend le spectacle grandiose. La masse nuageuse, jouant avec le soleil, équilibre élégamment la masse de terre et justifie l’horizon au milieu de la hauteur. Il s’en dégage une impression de quiétude et de sérénité.

Jean Loup, Sieff, 40 ans de photographie, Vallée de la Mort, Californie, 1977, p. 186

Jean Loup Sieff a choisi de mette en avant ce buisson qui capte immédiatement notre attention. Les pavés formés par ces craquelures de la terre sèche nous conduisent vers cette montagne dont les moindres détails sont encore nets en dépit de la distance. Le ciel, placé dans le tiers supérieur, avec sa densité sombre ferme notre voyage visuel. Les ombres sont allongées et modèlent les contreforts de la montagne. Le cadrage vertical accentue la tension de ce paysage aride. La texture à grosses fissures de la terre contrebalance celle des flancs striés de minuscules rides. La zone noire sur la gauche et le ciel ont été vraisemblablement travaillés au tirage pour obtenir cette intensité.

Au final, chaque photographe, sans se concerter, a su mettre en place un même ensemble de principes pour enregistrer correctement la photo et retranscrire fidèlement leur ressenti.

Vous voulez faire comme eux et réaliser des paysages qui laissent transparaître émotion et magie, alors observez ces points.


1 – Appliquer la règle des tiers.
Commencez par appliquer systématiquement cette règle et lorsqu’elle sera maîtrisée vous pourrez vous en affranchir de temps à autre.
Divisez la largeur et la longueur de votre cadre en trois et tracez les lignes séparatrices. Placez les points forts de votre paysage sur ces lignes ou à leur intersection. En d’autres termes évitez de tout placer au milieu !
En agissant ainsi vous créez une dynamique dans l’image, vous équilibrez la composition. Vous rendez votre photo intéressante à regarder. Et ça fonctionne pour tout type de photo !!

Jean Loup Sieff, 40 ans de photographie, Lanzarote, 1975, p. 192


2 – Rechercher les lignes de force
Incorporez dans l’image des lignes qui conduisent le regard à l’intérieur pour le diriger vers ce que le spectateur doit voir. Guidez le regard vers le ou les points d’intérêt du paysage. Utilisez pour cela les routes, les chemins, les ponts, les barrières, les ombres allongées, les ruisseaux, les traces, etc.
Evitez, là encore, de tout placer au milieu ! Utilisez la diagonale et faites en sorte que ce qui vous sert de guide traverse l’image et fasse voyager le regard du spectateur.

Jean Loup Sieff, 40 ans de photographie, Tous les chemins mènent à Inverness, Ecosse, 1972,p. 155.

3 – Mettre un premier plan
Vous avez devant vous un magnifique paysage, avant de l’enregistrer, trouvez un premier plan valorisant. Abaissez-vous et choisissez un élément naturel comme un rocher, de l’herbe, une fleur, de l’eau, etc. Ce premier plan doit être « tactile », avoir de la texture, du détail, on doit presque le toucher, il doit capter notre attention.
Ce point permet de rendre un paysage vivant, réel et d’engager le spectateur dans l’image vers le sujet principal. Attention de ne pas lui accorder trop d’importance visuelle au risque de supprimer l’impact recherché : le regard se trouve alors bloqué.

Sebatiao Salgado, Africa, Lac du cratère du volcan Bisoke, la plante est un Senecio géant, Virunga Park, à la frontière du Rwanda et de la République Démocratique du Congo, 2004, p. 139.

4 – Attendre la bonne lumière
Un vrai spécialiste de la photo de paysage sait patienter le temps nécessaire pour prendre LA photo. Il attendra la bonne saison, la météo idoine et l’heure propice.
Si possible, repérez les lieux avant et venez prendre votre paysage au moment clé. Un ciel nuageux a beaucoup plus de consistance qu’un ciel bleu uniforme … alors guettez orage, pluie, brume et autres calamités météo !
Evitez de photographier pendant les heures où le soleil est placé haut dans le ciel ! Les heures juste autour du lever et du coucher de soleil donnent des tonalités chaudes et des ombres marquées conférant modelé et profondeur au paysage.

Sebatiao Salgado, Africa, Flux de lave s'écoulant à grande vitesse. Eruption volcanique du Mont Nyamulagira, République Démocratique du Congo, mai 2004, p. 131.

5 – Jouer avec la lumière
Un premier plan donne de la profondeur à l’image mais cela n’est pas suffisant. En recherchant la succession d’ombres et de lumières, on crée différents plans.
Faites jouer la lumière et donc les parties sombres pour étager les plans et créer de la profondeur dans l’image

Sebatiao Salgado, Africa, Namib Naukluft Park, Namibie, 200, p. 101


6 – Cadrer avec harmonie
Optez pour un cadre horizontal ou vertical selon votre intention. En horizontal on génère sérénité et calme alors qu’en vertical on passe dynamisme et énergie. Cela dépend aussi des éléments que l’on veut garder/éliminer. De toute façon l’horizon DOIT être horizontal !
L’harmonie se retrouve aussi dans la juxtaposition des contrastes. Pas seulement lumière/ombre mais également lisse/granuleux, petit/grand, forme simple/forme complexe, transparent/opaque, mobile/immobile, etc. Combinez les contrastes pour obtenir une composition qui présente un intérêt !
Sachez vous déplacer pour trouver le point de vue original et n’oubliez pas de plier les genoux voire de vous allonger par terre !

Jean Loup Sieff, 40 ans de photographie, Petites-Dalles, 1980, p. 229


7 – Maximiser la profondeur de champ et la netteté

Créer de la profondeur dans l’image, mais encore faut-il que tout soit net du premier au dernier plan ! Jouez donc avec le diaphragme et la mise au point.
Plus on ferme le diaphragme et plus la profondeur de champ est importante. Sauf qu’à trop vouloir fermer on génère du flou ! Tout ça en raison du phénomène de diffraction : la lumière qui passe par un trop petit orifice finit par se brumiser au lieu de tomber tout droit ! Alors fermez entre f11 et f16.
La mise au point sur l’infini : ça c’était quand vous jouiez à faire de la photo ! Maintenant réglez la mise au point manuellement sur le premier tiers de la distance située entre le 1er plan et celui du fond. Avec le diaphragme fermé et quelques astuces vous aurez un piqué fantastique de bout en bout.
Les astuces évoquées restent accessibles avec un peu de pratique. En fait il faut chercher à minimiser les vibrations lors de la prise de vue. Donc équipez-vous d’un trépied consistant, d’un déclencheur à distance ou utilisez, à défaut, le retardateur. Déconnectez l’autofocus et, si possible, remontez le miroir avant de déclencher. Un peu de technique est ici nécessaire.


8 – Capturer les mouvements
Certains paysages méritent que le vent dans les branches, les vagues sur les récifs, les nuages mobiles ou l’eau de la cascade, soient enregistrés dans leurs mouvements pour apporter un attrait supplémentaire à l’image.
Réduisez le flux de lumière entrant dans l’appareil pour diminuer la vitesse d’obturation. Autrement dit fermer le diaphragme et mettez, si nécessaire, un filtre foncé devant l’objectif, filtre appelé ND (Neutral Density). Là le pied est plus que nécessaire !

Michael Kenna


9 – Introduire un marqueur d’espace

Face à un paysage grandiose par sa taille on a besoin de donner une échelle. Quoi de plus naturel que d’incorporer un marqueur que tout le monde peut dimensionner. Ainsi en plaçant un humain, un animal connu, une construction ou un arbre dans un coin de l’image, on donne immanquablement la dimension du spectacle.
Placez un marqueur d’espace dans vos photos pour permettre une compréhension de l’ampleur de l’espace visualisé.

Jean Loup Sieff, 40 ans de photographie, East Hampton en hiver, New York, 1965, p. 99.

10 – Apporter quelques retouches
Pour finaliser une photo il peut s’avérer nécessaire de faire quelques modifications avec un logiciel de retouche. Retrouvez cette ambiance si particulière qui vous a fait déclencher en jouant sur les courbes et aussi sur les couleurs.
Ainsi saturer un peu plus un ciel, corriger une couleur, adoucir une image peuvent donner une touche finale qui la rendra remarquable par son ambiance.

Jean Loup Sieff, 40 ans de photographie, La maison noire, New York, 1964, p. 75

1 commentaire:

PHILIPPE B a dit…

Difficile de ne pas apprécier un tutorial qui donne toutes les clés pour la photo de paysage, qui est illustré par du N&B, et cerise sur le gâteau, où Sieff (je suis un inconditionnel) est largement représenté.